15 novembre 2007

Alea jacta est



Bien, le sort en est jeté, nous franchissons le Rubicond, tous encore plus soudés par l'injustice qui nous est faite, et la référence à Jules César convient pour notre liste : nous voilà village gaulois, puisque nous refusons à l'unanimité l'exigence de notre fédération, qui nous impose, bien qu'investie dans les formes, de céder au chantage de la fédération du PC ! A nous seuls, nous empêchons un accord au sommet (tiens, je croyais que le PC refusait les accords au sommet, alors qu'il a négocié avec notre fédération, dans notre dos, un accord qui nous place en situation identique au précédent mandat). En clair, le PC me veut bien sur sa liste comme force d'appoint, et j'ai alors toutes les qualités, mais si j'ai la prétention de ne pas jouer ce jeu, alors je vais appliquer la politique de Sarko à La Trinité, et je ne suis plus "présentable" … Il faudrait choisir, camarades !
Or, donc, nous choisissons la désobéissance à une consigne injuste et imméritée et, du coup, l'appareil fédéral socialiste va donner son soutien à la liste PC qui sera une liste d'union grâce à quelques "socialistes" dénichés dieu sait où (mais nul doute que la fédé en trouvera). De ce fait, que nous n'avons pas cherché, nous voilà,, du même coup, libérés de pas mal de contraintes…
L'aventure prend donc un tour nouveau, pas de notre fait, et comme m'en préviennent mes camarades, je vais sans doute en entendre de toutes les couleurs (c'est déjà commencé depuis un certain temps, de fait !) mais, ma foi, le jeu en vaut la chandelle, dans la mesure où c'est ce que tous mes colistiers pensent. Nous avons trop bien démarré pour nous arrêter en chemin et puisque le PC ne veut pas entendre raison et accepter le verdict des urnes, comme nous l'avons toujours fait quand la situation était inverse, tant pis, nous irons seuls à la bataille. On ne peut pas imposer une règle quand elle vous convient, et d'un seul coup, quand elle ne vous convient plus, changer la dite règle, un peu facile, non ?

11 novembre 2007

Mon père…


Pourquoi évoquer ce personnage atypique et hors du commun aujourd'hui, en revenant des cérémonies du 11 novembre ? Je ne fréquente pas particulièrement les cérémonies au monument aux morts mais celle-ci est un rendez-vous régulier, et je viens de comprendre pourquoi en évoquant son souvenir avec un ami. Il faut dire que mon père est né juste avant le siècle, garçon unique né du remariage d'une veuve mère de deux filles et d'un veuf père d'une fille également. Cette famille de la bourgeoise lorraine gérait un grand magasin à Compiègne, ancêtre des Galeries Lafayette, dont aurait dû hériter l'auteur de mes jours mais, enfant gâté au possible, il a fait dans sa jeunesse les 400 coups et je me suis régalée, tout au long de mon enfance des récits de ses chahuts et de ses frasques diverses. De l'héritage de sa famille, il n'a eu cure et a préféré passer un brevet de pilote d'avion (n° de brevet "vieille tige") donc avant la guerre de 14 (nous y voilà). Il nous racontait que réaliser à l'époque le rêve d'Icare était quelque chose d'extraordinaire et que l'utilisation qu'il avait vu faire de ce progrès extraordinaire de l'homme à des fins de guerre l'avait à jamais dégoûté de voler à nouveau après la guerre et il s'est contenté des courses de moto pour combler sa passion de la vitesse. Pour en revenir à la guerre, blessé à Verdun par un éclat d'obus à la gorge, en 17, il fut évacué dans un train qui laissait les blessés dans les hôpitaux qui pouvaient les accueillir au fur et à mesure de son trajet. C'est comme cela qu'il a atterri à l'hôpital de Juan les Pins et c'est là que ses parents, venus lui rendre visite, ont découvert avec émerveillement la Côte d'Azur et se sont installés à Nice, dans la maison où je suis née pas mal d'années plus tard. En effet, il a été marié presque vingt ans avant de rencontrer celle qui allait lui donner, sur le tard, 5 enfants, dont je suis l'avant dernière… Bien qu'ayant galéré pas mal ensuite et fait 36 métiers pour nourrir sa famille, il n'a jamais regretté d'avoir abandonné l'héritage familial à sa soeur ainée au profit d'une vie riche d'aventures. Ce grand humaniste, qui aimait plus que tout Victor Hugo, a milité avec ma mère au parti communiste dans les années 50 et s'en est retiré, comme beaucoup, en 58. C'est une partie de mon histoire, de fait, et de mon patrimoine. Voilà pourquoi je me sens une nostalgie particulière pour cette cérémonie du 11 novembre qui évoque tous ces épisodes qui ont conduit à l'implantation de ma famille dans le midi. Parti trop tôt dans ma vie, j'avais 16 ans à l'époque, je n'ai de ce père que le souvenir de ses récits extraordinaires, de l'aviation des premiers temps mais ce souvenir est toujours là dans des moments comme celui-ci.