20 avril 2009

Des habitudes de la poste et du bonheur d'avoir la grippe …


La barbe avec la poste dans nos quartiers, c'est que le facteur, qui connaît nos habitudes de travail mieux que l'on ne pense, n'envisage même pas de sonner pour vérifier si l'on est présent ou pas lorsqu'il doit délivrer un recommandé en semaine.
Ce qui fait que, contrairement à mes collègues, et bien que je me sois trouvée ce jour là chez moi, par hasard, au fond de mon lit pour soigner une crève tenace, je n'ai pas reçu mon exemplaire du courrier recommandé émanant de la fédération nationale du parti socialiste qui, d'après ce que m'ont dit mes collègues, m'informe de la validation de la sanction prise à notre encontre par la commission des conflits fédérale. Mais, bon, sachant ce qu'il contient, je ne vais pas me précipiter pour faire la queue à la poste le samedi matin, seul jour où je peux prendre mon temps et faire une grasse mat bien méritée ! Il est vrai que nous attendions ce courrier, comme le dit mon collègue Jean-Paul sur son blog, nous avions prévu qu'après la passe d'armes sur Nice Matin, il n'allait pas tarder, bien que cela fasse déjà longtemps que nous l'attendions.
Nous savions que la géostratégie des courants ne nous donnerait pas raison au moment où le courant national a intégré l'équipe ségoléniste dont se réclamait (encore ?) le grand malfaisant. Donc, aucune surprise de ce côté-là et pas vraiment de déception, connaissant les pratiques et les usages en cours dans ce parti. Nous aurons été au bout d'une démarche, voilà tout, et cela n'améliorera pas l'image que j'ai des caciques de l'appareil.
Finalement, je suis même contente que ce brave facteur n'ait pas sonné à ma porte, cela m'aurait dérangée pour lui ouvrir la porte et le contenu m'aurait gâché mon plaisir . Merci à lui de m'avoir laissée à ma douce léthargie de malade. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les instants volés grâce à la maladie, qui vous permettent de couper aux corvées du jour et de vous abstraire de la réalité le temps d'une bonne raison, ont toujours été pour moi, depuis l'enfance, des moments emplis d'une certaine forme de douceur, souffrance mise à part, bien sûr. Notamment, dans l'enfance, c'était le moment où l'on avait pour soi tout seule les attentions de la mère que l'on devait partager avec les autres le reste du temps : on était, en tant que malade attitré, l'objet de tous les soins et de toutes les attentions… Dans une fratrie de 4 enfants et avec des parents très occupés, quelle aubaine ! Voilà bien de quoi développer ensuite des pathologies, beau sujet pour les psys…

Vous dirais-je qu'un de mes plus beaux souvenirs est une scarlatine qui, l'année de mon CM2 m'avait valu une quarantaine d'éviction scolaire (eh oui, Hugo, mieux que toi, à l'époque, c'était 40 jours d'éviction, pour crainte de contagion). Et, les boutons passés, ce fut le bonheur intégral : comme je m'ennuyais, j'ai fait tous les cinémas de Nice, avec la complicité bienveillante de mon père et j'en ai profité pour solidement consolider ma culture cinématographique du haut de mes 11 ans, avec une révélation, notamment, au ciné du bd Victor Hugo de l'époque, l'Olympia , où je suis entrée à 14 heures et ressortie à 20 heures, quand l'ouvreuse est venue me taper sur l'épaule : j'avais oublié l'heure et le monde devant Julien Sorel (Gérard Philippe) et Madame de Rénal (?) dans Le Rouge et le Noir, véritable révélation. J'étais restée à la 2e séance (le film dure 3 heures) et j'aurais bien continué, si mon père qui me cherchait partout ne s'était pas souvenu qu'il m'avait donné le prix de la place de cinéma.

Certes, maintenant que j'ai mon propre arbitre, et que je n'ai plus une mère bienveillante pour venir me réconforter, ce n'est plus tout à fait pareil mais les amis appellent, ma voisine de fille est aussi aux petits soins, bien que grommelante, et je m'abstrais de toute obligation, entre parenthèses, le bonheur quoi !

Et vous auriez voulu que ce sacré facteur, avec sa vilaine lettre, me gâche ce plaisir ? Pas question, merci facteur, et ce n'est pas demain que j'irai la chercher, cette foutue lettre, et si elle repart, elle reviendra bien un jour ou l'autre.