13 avril 2007

Dangereuses illusions


Lue, ce matin, une intéressante tribune de DSK, que les médias disent absent de la campagne, et dont la tribune reflète bien ce que je ressens au quotidien dans mes contacts au porte à porte ou dans les discussions :
"Où que j’aille, ce sont les mêmes sentiments qui sont partagés par celles et ceux qui m’interpellent lors des meetings que je tiens. Des sentiments très forts. De l’inquiétude, certainement. Nicolas Sarkozy a révélé son vrai visage au cours de ces dernières semaines. Le ministère de l’immigration et de l’identité nationale qui rappelle les plus sombres heures de l’histoire de notre pays. La stigmatisation, encore et toujours, lors des évènements survenus à la gare du Nord. Et désormais, la reprise à son compte des pires théories néo-conservatrices faisant primer l’inné sur l’acquis. Comment « tout pourrait devenir - soi-disant - possible » avec Nicolas Sarkozy, si lui-même affirme que tout est joué d’avance ? Une incohérence de plus. À trop souffler sur le feu, on risque un retour de flammes à la mesure de l’énergie déployée pour l’attiser.
Une autre inquiétude. Celle de voir marcher l’illusion déployée par François Bayrou pour faire croire que la droite n’est pas différente de la gauche et que le PS et l’UMP n’ont de différent que le nom. Nier le clivage droite gauche c’est, je le répète, être aussi injuste envers le passé qu’inopérant pour l’avenir !
Des inquiétudes donc, mais des attentes aussi. Les hommes, les femmes, les jeunes que je rencontre ont soif de pédagogie, ils attendent du politique une vision pour la France et l’Europe de demain. Le pacte présidentiel de Ségolène Royal trouve en eux une résonance profonde. Alors que la campagne prend parfois des tours infantilisants, les personnes que je vois ont pleinement conscience que notre pays se trouve confronté à des échéances déterminantes
pour notre avenir collectif : l’éducation et l’université, les retraites, la sécurité sociale, la dette, l’emploi- notamment des jeunes, la relance de l’Union…
Et puis, enfin, de l’espoir. L’espoir que je sens monter en parcourant ainsi la France dans la dernière ligne droite de cette campagne. Un espoir qui n’est pas mesuré par les sondages, mais
qui est bien présent. Celui de voir Ségolène Royal élue. Celui de voir une majorité de gauche s’imposer à l’Assemblée Nationale et porter un ensemble de réformes pour bâtir ensemble une France plus juste. Inquiétude, attente, espoir : ces sentiments mêlés, exacerbés par l’importance des échéances électorales à venir, animent en profondeur notre pays. Seule Ségolène Royal est en mesure d’y répondre. Seule la gauche est à la hauteur des défis auxquels le pays doit faire face."

Dernière inquiétude, pour ma part, celle de voir que l'outsider de la campagne est bien le même que la dernière fois, celui qui n'a pas besoin de parler pour être présent : il cristallise les colères, les rages des exclus du système, de ceux qui pensent, comme le dangereux Bayrou, que la gauche et la droite, c'est pareil, qu'on a essayé les deux et que rien ne va mieux dans leur quotidien… Ils ont raison dans leur colère mais tort aussi, parce que l'on oublie vite. Les bilans, ce devrait pourtant être l'heure d'en tirer : qui le fait ? On ne parle que des programmes mais le passé n'est-il pas la meilleur garant de l'avenir ? Or, les deux candidats de la droite classique réussissent l'exploit de faire oublier qu'elle tient tous les rênes depuis 5 ans et qu'en 2002, après Jospin injustement exclu de la bataille, il n'y avait plus de trou de la sécu, la dette était moins importante et le pouvoir d'achat de chacun d'entre nous était meilleur qu'aujourd'hui… Serions-nous amnésiques ?